LQR = Propagande au quotidien
Le petit catéchisme du « parler bien »
De modernité à gouvernance en passant par transparence, réforme, crise, croissance ou diversité : la Lingua Quintae Respublicae (LQR) travaille chaque jour dans Les journaux, les supermarchés, les transports en commun, les « 20 heures » des grandes chaînes, à ta domestication des esprits.
Comme par imprégnation lente, la langue du néolibéralisme s'installe : plus elle est parlée, et plus ce qu'elle promeut se produit dans la réalité. Créée et diffusée par les publicitaires et les économistes, reprise par les politiciens, la LQR est devenue l'une des armes les plus efficaces du maintien de l'ordre.
Ce livre décode les tours et les détours de cette Langue omniprésente, décrypte ses euphémismes, ses façons d'essorer les mots jusqu'à ce qu'ils en perdent leur sens, son exploitation des « valeurs universelles » et de la « Lutte antiterroriste ».
Désormais, il n'y a plus de pauvres mais des gens de condition modeste, plus d'exploités mais des exclus, plus de classes mais des couches sociales. C'est ainsi que la LQR substitue aux mots de l'émancipation et de la subversion ceux de la conformité et de la soumission.
Nous pouvons ajouter le mot “réguler” la situation de crise y compris les paradis fiscaux et tout sera pour le mieux dans le meilleur etc.
Description du bien parler
« LQR » signifie Lingua Quintae Respublicae, allusion à l'analyse linguistique menée par Victor Klemperer pendant la montée en puissance du Troisième Reich et de sa langue qu'il avait baptisée Lingua Tertii Imperii (la « Langue du Troisième Reich » en latin).
L'auteur évoque également les figures de George Orwell se battant contre la novlangue et d'Hannah Arendt dénonçant la banalité du mal.
C'est l'histoire qui a inspiré ce livre : dans la chronique de La Fabrique[1], Éric Hazan écrit : « De son cachot de Belle-Île, Blanqui écrit en juin 1852 : "Ils proscrivent les termes prolétaires et bourgeois. Ceux-là ont un sens clair et net ; ils disent catégoriquement les choses. C’est ce qui déplaît.
On les repousse comme provocateurs de la guerre civile.
Cette raison ne suffit-elle pas pour vous ouvrir les yeux ?
Qu’est-ce donc que nous sommes contraints de faire depuis si longtemps, sinon la guerre civile ?". »
LQR est une langue non utilisée par le peuple mais déversée de manière constante par la publicité et les médias telle la novlangue.
Une émission de Là-bas si j'y suis a été consacrée à ce livre en février 2006[2].
LQR, le Langage de la Vème République
Exemples cités par Eric Hazan chez Daniel Mermet en février 2006[2] :
Par clic sur mots soulignés vous obtenez définitions en détails.
Qui dit mieux ?
- couche sociale pour classe sociale.
- ensemble pour émancipation ou insurrection.
- Droits de l'homme pour Droits de tous les hommes.
- problème pour question.
- solution pour proposition.
- élites pour responsables.
- divertissement pour abrutissement.
- émeute pour révolte.
- exclusion pour exploitation ou oppression.
- partenaires sociaux pour organisations syndicales et patronales.
- entrepreneurs pour patron ou chef d'entreprise.
- équité pour égalité.
- flexibilité ou assouplissement pour précarité.
- offensive ou dommage collatéral pour crime de guerre.
- terrorisme pour résistance.
- pays en développement ou pays émergents pour Tiers-Monde.
- Exemples cités par Roger Lenglet chez Agone dans L'industrie du mensonge (2004) :
- bio-solides pour boues d'épuration.
- rémunération de l'actionnariat pour rémunération du capital.
- Exemple cité par Mélenchon[3]:
- assistanat pour solidarité « LQR -- > La propagande au quotidien » Auteur Eric Hazan. Une croute de pain en Euros. Un petit agenda 11 cm sur 17,5 cm !
- Le rédac. de RIPOSTE
- A porter sur soi NUIT et JOUR !
- Editions Raions d’Agir. 123 p. 2006.